Le dimanche, jour du seigneur, jour de religion. Jour de football, évidemment.
Sur les terrains du monde amateur, habituellement, après une soirée arrosée, un couché tardif, une ambiance festive. Mais le plaisir de se retrouver est intacte, ancré, comme une évidence. Défendre un blason, une passion. Représenter dignement (si possible) les couleurs de notre équipe, de notre commune. Le dimanche c’est jour de match, sur terrains gras, secs ou dans les hautes herbes. Jour de match, avec nos enfants autour du stade, tapant dans le ballon comme papa. Jour de match et d’engueulade avec sa femme, qui ne comprend pas, ou qui ne veut pas comprendre. L’appel du ballon, des compagnons. Ces dimanches que beaucoup passent loin des repas de famille, des retrouvailles, des moments intimes. Mais qu’ils passent près de leur premier amour, du côté des souvenirs des premiers jours. Comme un besoin vital, une bouffée d’oxygène. Ces dimanches que l’on attend avec impatience, afin de défier les voisins, pour de savoureux (pas certain que ce terme s’applique néanmoins pour chaque rencontre) derbies. On oublie une chaussette, ses protège-tibias, son caleçon après la douche. Mais on oublie pas de venir avec le sourire. Les petits yeux à peine entrouverts de certains laissent deviner le passé récent de préparation de match. Le passé récent tout court. Ces dimanches paraissent loin, tout d’un coup. Loin d’une réalité ancrée, loin de ce sac qui traîne dans l’entrée.
Les dimanches se passent désormais enfermés, face à la pandémie qui ne cesse de nous envahir. Devant la télé, à regarder les matches qui s’enchaînent. Ces rencontres que nous devrions jouer, avec nos chaussures pleines de terre et nos maillots trempés. De belles affiches chaque week-end sur toutes les pelouses d’Europe et d’ailleurs. Mais nos derbies nous manquent. Le foyer du club nous manque. Ces tacles ravageurs nous manque. On nous demande d’être patient, d’être vigilant. Les clubs souffrent de la situation, autant voire plus que les joueurs qui les composent. Une situation difficile, qui prive les amoureux de la discipline de pratiquer un sport qui les anime depuis toujours. Qui prive les clubs d’une vie quotidienne, de finances solides et saines. Notre football est à l’arrêt. Les dimanches sans intérêt. Tentons un peu de réconfort auprès d’équipes protagonistes d’un football qui nous est cher. Ces dimanches d’hiver qui arrivent auront moins de saveur pour le football amateur, pour tous ces joueurs qui vivent dans l’attente de pouvoir à nouveau fouler les pelouses grasses de l’hexagone. Tous attendent la délivrance, quelques mots réconfortants, le retour des compétitions. Le sac est prêt, l’envie intacte, les femmes déchanteront de nouveau. Mais quand ?
Une pensée sincère pour tous ceux qui rongent leur frein. Pour tous les amoureux du dimanche, tous les bénévoles dévoués, tous ces joueurs passionnés, tous ces clubs pénalisés… Ces quelques lignes en guise d’espoir, en guise d’attente. Le dimanche, jour sacré ne pourra jamais être sacrifié…
Crédit photo Foot-National