Si vous supportez ou suivez le club de la capitale bretonne, impossible de ne pas croiser le chemin, un moment ou un autre, de Rouge Mémoire, site sur le Stade Rennais depuis 1991 jusqu’à aujourd’hui. Stats, archives, fiches de joueurs, opinions, actualité et bien d’autres encore sont au programme, sur le site comme sur les réseaux sociaux. Rencontre avec son fondateur, Monsieur Rouge Mémoire s’il vous plaît, le passionné Fabrice Pinel, pour La Vista.

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Fabrice & Captain La Danz’

Comment t’es venue cette idée de site sur le Stade Rennais ?

Au milieu des années 2000 (2003 à 2006 précisément), j’avais déjà un site consacré au Stade Rennais où j’évoluais sous l’identité de Squall1982. Il se nommait Da’Squad et avec mes compères sur cette aventure, on faisait la part belle à la revue de presse un peu à la manière de ce qui se fait sur les réseaux sociaux aujourd’hui. Néanmoins, en parallèle depuis mes 10-11 ans, je collecte toutes sortes de données sur le Stade Rennais. À l’époque c’était des fiches Bristol et feuilles à carreaux sur lesquelles je recensais toutes sortes de feuilles de matchs, stats sur le club. J’allais souvent dans le détail de ce qui ne se trouve pas dans les compte rendus de match de la presse comme les joueurs qui ne sont pas entrés en jeu, ceux qui sont restés en tribune au dernier moment, le numéro qu’ils portaient, etc. En 2010 m’est venu l’idée de compiler toutes ces informations pour en faire un site riche en données sur ce club qui me passionne depuis tout petit. Mes post-its, fiches et feuilles quadrillées n’étaient lisibles et compréhensibles que de moi. L’idée était donc de faire un site où j’organise toutes ces données pour qu’elles puissent être lues le plus confortablement possible par les internautes.

Quand j’étais petit, mon oncle, mon père, mon frère, mon cousin m’ont toujours parlé avec amour que d’un seul club : le Stade Rennais.

D’où te vient cette passion pour le club ?

Mes plus proches ancêtres n’ont toujours eu qu’un club dans leur vie : le Stade Rennais. Pour des raisons géographiques au départ car ma famille a toujours vécu dans la périphérie rennaise. Quand j’étais petit, mon oncle, mon père, mon frère, mon cousin m’ont toujours parlé avec amour que d’un seul club : le Stade Rennais. Je ne pouvais pas y échapper. Faire des courses à Rennes, c’était la grande sortie quand j’avais 7-8 ans et je demandais toujours à passer devant le stade de la Route de Lorient pour m’en mettre plein les yeux. Tout cela pour dire que je ne pouvais pas y échapper et le jour où mon frère m’a emmené au stade pour la 1ère fois un vendredi soir d’octobre 1995 pour Rennes – Nice (1-0), cela a fini de me convaincre. C’est mon club d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Un membre de la famille en quelque sorte. Quoiqu’il fasse de bien ou de mal, on continuera de l’aimer ad vitam aeternam.

RM est une véritable fourmilière entre infos, stats, archives, fiches de joueurs… C’est un travail titanesque. C’est important d’avoir une équipe à tes côtés pour gérer tout ça et approfondir les recherches ? Comment s’est-elle constituée ?

Je suis parti seul dans cette aventure en 2010 même pour la création de la version 1 du site alors que je n’avais aucun bagage informatiquement parlant pour programmer un site. En 2013, Pierre Rolland, développeur de génie, m’a proposé de pousser Rouge Mémoire plus loin en mettant toutes ses compétences au service d’une version 2 du site (la version actuelle). Le résultat m’a ravi et tout cela est resté une approche passionnée avec aucun argent partagé, que de la passion. Des graphistes m’ont également accompagné pour mettre en œuvre les projets visuels qui me passaient par la tête, je pense à Florent Miossec, Matthieu Ramage, Aurélie Dupuis ou Gwennole Oreal. D’ailleurs, vous souvenez-vous du #StadeRennaisHollywood ? Pour ceux qui veulent y regoûter c’est ici : Stade Rennais Hollywood

Au-delà de ces gens, il y aussi une équipe de photographes avec en tête Pascale Doudet qui est présente autant à La Piverdière que sur les matchs et événements et qui photographie tout ce qui est Rouge et Noir. Je pense aussi à Hervé Lugand qui a fait vivre les réseaux sociaux les soirs de matchs quand je suis au stade. Enfin, depuis 2014, j’ai croisé Matthieu Lecharpentier qui a toujours eu la même passion que moi. Il ne recensait pas les données contrairement à moi mais les archives physiques (photos, coupures de presse, etc.). Aujourd’hui, il apporte énormément de matière pour faire vivre l’histoire du club et constitue un Rouge Mémoire a deux têtes et non une seule comme au départ en 2010. Dans toutes ces rencontres, il y a toujours un dénominateur commun : la passion désintéressée.

D’autres projets en vue pour Rouge Mémoire ?

Oui, on est toujours en réflexion sur ce qui peut être fait de plus ou de mieux. Cela reste une passion, on a des vies professionnelles et des familles donc on ne se fixe jamais de délais irritants. On fait les choses dans le temps et avec envie. Le projet qui n’est pas une exclue et qui est colossal est de remonter le temps jusqu’en 1901 sur le site. Aujourd’hui, on retrace 1991 à aujourd’hui, ce sont déjà 28 saisons complètes… D’autres projets verront le jour mais il est trop tôt pour en parler publiquement.

Avec des joueurs comme Alexander Frei, John Utaka, Yoann  Gourcuff, Olivier Monterrubio, Kim Källström, le danger était partout. Cette année-là, on a vu ce qui s’est fait de mieux offensivement dans l’histoire contemporaine du club.

Quelle est la saison qui t’as le plus marqué à Rennes ? Et pourquoi ?

Je dirai 2005/2006. D’abord parce qu’elle commence avec ce tour préliminaire d’UEFA Cup contre Osasuna. Ensuite après un départ chaotique, l’équipe a signé 10 victoires consécutives toutes compétitions confondues au printemps. Avec des joueurs comme Alexander Frei, John Utaka, Yoann  Gourcuff, Olivier Monterrubio, Kim Källström, le danger était partout. Cette année-là, on a vu ce qui s’est fait de mieux offensivement dans l’histoire contemporaine du club. Après, c’est parti de trop loin pour une récompense finale mais on s’est régalé.

Cette saison, « c’est la bonne ». C’est vrai ça ?

Je ne sais pas ce que cela veut dire. C’est un running gag entre initiés. Moi, je vois plutôt chaque saison du club au haut-niveau comme une chance. Si en plus, il y a une récompense à la fin alors c’est le summum. Mais, pour moi, chaque saison est « la bonne » car elle permet d’assouvir ma passion.

Tu as pu rencontrer certains joueurs ou membres du club depuis la création du site ? Si oui, dans quel but ?

Au fil des mois et des années depuis le lancement du projet, joueurs, dirigeants ou salariés du club ont appris à apprécier notre travail sur Rouge Mémoire, le site. C’est une belle récompense mais pas une fin en soi, la passion se situe au niveau de l’entité et non des personnes qui composent le club qui ne sont que de passage à l’échelle de l’histoire de celui-ci. Ces rencontres permettent néanmoins d’être confronté à la « vraie vie » au contact de ceux qui font l’histoire du club et qui nous sollicitent parfois pour apporter notre humble expertise.

Que pense Mr Rouge Mémoire de l’arrivée au club d’Olivier Létang et Sabri Lamouchi ? Qu’est ce qui a fondamentalement changé pour toi depuis leur prise de fonction au sein du club ?

Le renouvellement de la direction apparaissait être un mal nécessaire à l’automne dernier. Olivier Létang et Sabri Lamouchi nous ne les connaissions pas. Après quelques mois à œuvrer pour le club, on constate néanmoins qu’ils font ce qu’ils disent. Ils ne promettent pas la lune mais ils professionnalisent davantage tous les services du club et luttent pour une culture de l’ambition et de la gagne dont le club avait bien besoin. Après, il faudra inculquer cela à tous les amoureux du club, ce sera plus long…

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Olivier Létang & Sabri Lamouchi

L’idéologie du football de Christian Gourcuff est parfaite et sans faille. Seulement, les moyens et la politique pratiquée pour y parvenir ne me semblent pas ou plus en phase avec le monde d’aujourd’hui.

Ton avis sur les deux « échecs » de Christian Gourcuff à Rennes ?

L’idéologie du football de Christian Gourcuff est parfaite et sans faille. Seulement, les moyens et la politique pratiquée pour y parvenir ne me semblent pas ou plus en phase avec le monde d’aujourd’hui. Ce qui fait rêver Christian Gourcuff ne fait rêver que 10% d’un stade. Il voit des choses exceptionnelles que le supporter lambda n’aperçoit même pas. Ce décalage entre la vision du maître du jeu et la perception des joueurs, suiveurs et supporters n’est, je pense, pas compatible avec ce qu’est le Stade Rennais en 2018 et c’était déjà le cas en 2002.

Quel est ton meilleur souvenir Route de Lorient Fabrice ?

1998 : le but libérateur de Kaba Diawara lors du dernier match de la saison face à Toulouse. Ce but est celui du maintien que tout un peuple méritait au plus haut point après une saison des plus difficiles. En 2ème je mettrais la demi-finale de Coupe de la Ligue 2013 contre Montpellier avec l’envahissement de terrain qui a suivi (le premier). S’il faut un 3ème, je dirais soit le 4-0 à la pause contre Nantes en 2016 soit le 4-3 avec Quadruplé de Frei en 2004 contre Marseille (4-3). Mais il y a eu tant d’autres émotions…

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ON EST EN FINALE !

Si tu devais nous donner ton onze type depuis 1991 ?

D’abord, je tiens à dire que c’est un onze complètement subjectif et affectif car un 11 plus factuel, nos lecteurs en a composé un récemment. À redécouvrir ici : Onze Rouge Mémoire

Costil

Danzé, Sommeil, Escudé, Réveillère

Wiltord, M’Vila, Källström, Dembélé

Nonda, Frei

Il y en avait tant d’autres : Cech, Melchiot, Gnagnon, Féret, Bourigeaud, Leroy, Utaka, Pagis, etc…

Il y a un entraîneur en particulier qui t’as marqué au club depuis que tu le suis ? Si oui, pourquoi ?

Il y a eu beaucoup d’entraîneur qui ont laissé une empreinte forte sur le club. Mais s’il ne faut en garder qu’un de mon vécu, je dirai Michel Le Milinaire. C’est lui qui a réinstallé le club dans l’élite et qui l’a mis sur les bons rails avant le début de l’ère Pinault même si les deux saisons après son départ ont été chaotiques, il est aujourd’hui un entraîneur important du SRFC tel qu’il est aujourd’hui : installé dans l’élite, bon formateur et rarement en danger pour son maintien.

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Michel Le Milinaire, entraîneur rennais de 1993 à 1996.

Quels sont les points positifs et négatifs cette saison selon toi ?

Le point positif prioritaire pour moi  est qu’aujourd’hui le Stade Rennais a une équipe. Longtemps ces dernières saisons, le Stade Rennais se cachait derrière les prouesses de ses individualités. Aujourd’hui, on a le sentiment qu’avec n’importe quel joueur sur le terrain, la performance collective sera à la hauteur. Le revers de la médaille, c’est que notamment offensivement ça manque parfois un peu de talent et de profondeur pour forcer la décision dans des matchs serrés ou enfoncer le clou dans les matchs maîtrisés. Pour preuve, le SRFC n’a plus gagné un match de L1 par plus de deux buts d’écart depuis mars 2016 soit plus de 80 matchs.

Que peut-on souhaiter à Rouge Mémoire pour la suite ?

De continuer à partager notre passion du club à notre manière et de satisfaire tous les passionnés en leur donnant les infos ou souvenirs qu’ils recherchent via le site ou les réseaux sociaux.

Un grand merci à Fabrice pour cet entretien, et de permettre aux fans rennais de pouvoir se documenter et de replonger dans les souvenirs en rouges et noirs. En espérant à présent que le club décroche cette belle 5ème place de Ligue 1, pour amener toute la Bretagne en coupe d’Europe la saison prochaine. Cela ne serait pas volé pour un club qui aspire à vivre de grands moment, dans ce joli Roazhon Park, tout vêtu de rouge…

Piazzo,

Crédits photos: Rouge Mémoire, Benjamin Keltz, LFP & Ouest-France.

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